BELLE PLASMODIE DU SAINT CORAN





26 juillet 2019

NOTE TECHNIQUE SUR L’INSECTE RAVAGEUR « PRODENIA » DENOMME : ( Spodoptera Littoralis)


Introduction :

L’intensification des cultures et l’usage répété chaque campagne des même insecticides ont favorisé l’apparition d’espèces de ravageurs insectes autrefois inexistants ou dont l’infestation était très faible.

Parmi ces déprédateurs, on peut citer : la chenille des friches, la mineuse des agrumes, la mouche blanche du cotonnier et le Prodenia. Ce dernier ravageur pullule d’une manière sporadique lorsque les conditions lui sont favorables et provoque alors de très sérieux dégâts aux cultures.

En effet, l’agressivité de ses chenilles peut entraîner un dénudement  des plantes hôtes et des dommages sur racines et fruits.

Compte tenu des problèmes phytosanitaires engendrés par ce ravageur  aux cultures dans le périmètre, la présente note technique a été élaborée par le Bureau Phytiatrie  pour apporter plus d’informations sur sa bio-écologie  et sur les moyens de lutte préconisés pour juguler d’une manière efficace cet insecte nuisible.


I -  Morphologie de l’insecte :

Résultats de recherche d'images pour « spodoptera littoralis »

Résultats de recherche d'images pour « spodoptera littoralis »

Résultats de recherche d'images pour « spodoptera littoralis »

Résultats de recherche d'images pour « spodoptera littoralis »

Résultats de recherche d'images pour « spodoptera littoralis »

L’insecte Prodénia est un papillon de la famille des noctuelles, ayant les caractéristiques suivantes :

- Oeufs      :        Sphériques et légèrement aplatis de couleur 
                   noire  avant   l’éclosion.

- Larve      :          la larve plus âgée présente trois lignes longitudinales (une médiane dorsale et deux latérales), de plus le premier et le huitième        segment abdominal ont chacun deux tâches angulaires noires de chaque côté (Longueur :   30-50 cm)

- Chrysalide: De couleur brune ayant à l’extrémité apicale deux petites  épines recourbées.

- Papillon:De couleur brun-grisatre. L’envergure des ailes est de 30 à  40 mm.

II - Bio-écologie :

Selon les recherches menées aussi bien au niveau du Tadla qu’au niveau national, la bio-écologie du prodénia est la suivante :

* Le papillon mâle de ce ravageur s’accouple avec la femelle pendant la nuit après avoir atteint sa maturité sexuelle; 24 à 28 heures après, la ponte a lieu sur la face inférieure des feuilles.
        * La femelle pond jusqu’à 4.000 œufs par groupes ou amas de 300 à 600  œufs ou plus à la fois à partir du mois de juin.
* L’incubation des œufs dure 2 à 3 jours en été et 15 à 22 jours en hiver.
* Les larves après leur éclosion restent groupées au voisinage du point de ponte  en se nourrissant de l’épiderme des feuilles, puis tendent à se disperser au fur et à mesure de leur développement sur leurs surfaces. Elles se déplacent en se laissant porter par des fils de soie qu’elles secrètent et attachent au bord des feuilles.

Arrivée à son 3ème  ou 4ème stade, la larve  tombe sur le sol où elle se cache la journée et apparaît la nuit pour se nourrire sur la plante. En fonction du nombre de génération, ces larves seront actives jusqu’au mois de septembre.

         La larve subit 5 mues successives et passe par 5 stades larvaires dont le dernier dure longtemps et correspond au maximum de dégâts. Le développement larvaire a lieu pendant une durée variable en fonction de la température : 12 jours (29 à 35 °C), 2 à 3 semaines (24 à 28 °C) et 30 jours ( 18 à 20 °C) (voir figure ci-après).

         A très basses températures, on peut observer un arrêt de croissance de plusieurs mois des larves de ce ravageur.

         Arrivée à son développement maximal, la larve se  nymphose dans le sol pour une durée qui varie entre 7 et 14 jours selon la température. Après l’émergence du papillon, celui-ci vit en général entre 4 à 10 jours pendant l’été.

         Cette noctuelle qui a un comportement migratoire est capable lorsque les conditions sont favorables, de pulluler et de provoquer alors de sérieux dégâts aux cultures.
         Du  point de vue écologique, le Prodénia aime le climat chaud comme celui caractérisant le Tadla. Cette espèce se reproduit toute l’année à raison de  7 générations par an. Quatre premières de ces générations se développent sur le trêfle (Bersim) entre l’automne et le printemps (septembre à  mai).

         Les deux suivantes sur le coton et autres cultures en juin et juillet et la septième en Août sur le coton, la luzerne et le maïs.

Les champs fraîchement irrigués attirent les femelles pour la ponte. L’envahissement maximum d’une culture a lieu trois jours après son irrigation. Les sols d’humidité supérieure à  20 % sont très favorables  à la nymphose et à l’émergence des adultes.

III - Importance économique et répartition géographique  du 
        Prodenia:

         Le Prodénia dénommé scientifiquement Spodoptera littoralis est une noctuelle dont les chenilles sont voraces et polyphages. Cette espèce est considérée comme un ravageur d’importance économique, car elle s’attaque à de nombreuses cultures notamment le cotonnier, la luzerne, le maïs, le trèfle,  la niora, la betterave, les cultures maraîchères et les plantes ornementales.

         Cette noctuelle est présente partout au Maroc, et dans le bassin méditerranéen, dans d’autres pays d’Afrique et au Proche Orient ; elle a été détectée dans les pays du centre et du nord de l’Europe sans pouvoir s’y établir.
         Les adultes de cette espèce sont dispersés d’une zone à l ‘autre au moyen des vols migratoires qu’ils accomplissent sur de longues distances ce qui rend les mesures phytosanitaires aléatoires dans les régions où ce ravageur  est établi.

IV - Description des dégâts occasionnés aux cultures :

Les dégâts engendrés par le Prodénia aux cultures sont de deux types :
     
*Creusement des galeries sur racines des espèces végétales betterave à sucre, Carotte, …..
*Défoliation des plantes quel que soit leur espèce végétale.

La description des dégâts occasionnés souvent aux cultures est la suivante :

Betterave à sucre:

Il y a présence de galeries sur racines ainsi que des perforations sur limbes des feuilles encore  restantes et    non desséchées.
  
* Coton               :

 les premiers dégâts apparaissent à la partie supérieure  des plants où les jeunes chenilles  groupées dévorent par endroit la face inférieure  des  feuilles ne laissant que l’épiderme supérieure    transparente. Un peu plus âgée, elles se dispersent et  consomment les  feuilles n’épargnant que les nervures principales. Elles se nourrissent également des boutons floraux et des  fleurs.

* Niora                :
 
On peut assister à une destruction totale des fruits et  du feuillage par la suite d’une infestation importante  des chenilles de ce ravageur.

* Luzerne           :

 Une attaque de Prodenia entraîne selon son degré d’infestation un dénudement des plants de luzerne et  même leur anéantissement total en absence d’interventions chimiques appropriées.

V- Stratégie de lutte contre le Prodenia :

Compte tenu de la bio-écologie de cette espèce noctuelle, la stratégie de lutte préconisée pour y faire face s’articule sur les méthodes de lutte suivantes :

         V-1.) Lutte chimique :

                   La lutte chimique contre le Prodenia donne de bons résultats lorsqu’elle est conduite de façon raisonnée. La clé du problème et par conséquent : « le bon produit, au bon moment, à la bonne dose, appliqué d’une manière généralisée. si nécessaire ».

a-   Choix judicieux du produit insecticide : 

Il est absolument primordial de bien choisir le produit en tenant compte :

      * De ce ravageur  pour une meilleure efficacité du produit utilisé

      *Du délai d’utilisation avant récolte pour protéger le consommateur et 
         éviter les effets d’intoxication du bétail.

b-   L’intervention  au bon moment : 

Pour cela, une surveillance attentive et régulière des cultures doit être entreprise afin de décider de manière ponctuelle et raisonnée de l’opportunité de l’intervention phytosanitaire. Cette façon peut éviter de très mauvaises surprises dues aux pullulations inopinées de ce ravageur. Contre cet insecte nuisible le traitement donne d’excellents résultats quant il est effectué contre les jeunes stades au début de l’infestation de préférence le soir à partir du coucher du soleil.

En effet, les chenilles de cette espèce sont d’autant plus résistantes aux insecticides qu’elles sont  plus  âgées et que le temps écoulé depuis leur dernière  mue est plus long. Les grosses chenilles du 4ème et 5ème  stade sont  invulnérables à l’action des différents insecticides employés. 
  
c-   L’exécution du traitement 

    C’est un facteur essentiel dans la réussite de l’intervention  phytosanitaire. Les chenilles du Prodenia  dès leur éclosion sont polyphages et s’attaquent de préférence aux feuillages des plantes en rongeant le parenchyme de la face inférieure des feuilles jusqu’à l’épiderme supérieure. De ce fait, elles se trouvent sur la partie protégée des feuilles. Le matériel de traitement doit être donc performant et régulièrement entretenu pour les atteindre.

            En matière de lutte chimique contre ce déprédateur, 3 techniques peuvent être utilisées :

V – 1-1- Pulvérisation  des insecticides contre les jeunes chenilles
    au début de l’infestation :

Cette pulvérisation considérée comme technique de lutte la plus recommandée, doit être effectuée d’une manière généralisée et en temps opportun au début  de l’ infestation qui coïncide avec le mois de juin à l’aide de l’un des produits insecticides  suivants :

* Décis (0.5 L/Ha) (15 j)                 * Jadarme 25 wp ( 0.9-1.5 L/Ha) (15 j)
* Cymbush (0.5 L/Ha)  (15 j)          * Salvador 24 wp ( 1.5-2.5 L/Ha) (15 j)
* Kikudine (0.6 L/Ha)   (15 j)          * Reldan 50 EC ( 0.7-1.2 L/Ha) (15 j)
* Baythroïd 50 (0.5 L/Ha) (15 j)     * Vitname 20 (1.5-2.5 L/Ha) (15 j)
* Karaté EC (0.2 L/Ha)          (15 j)          * Reldan 40 EC ( 0.9-1.5 L/Ha) (15 j)
* Sumi-alpha ( 0.5 L/Ha) (15 j)       * Dursban 4 ( 0.75-1.25 L/Ha) (45 j)
* Azometrine 10 ( 0.8 L/Ha) (15 j) * Duracid 480EC(0.75-1.25 L/Ha)(45 j)
* Arrivo 25 EC ( 0.3 L/Ha) (15 j)    * Tamaron (1.5-2 L/Ha) (21 j)
* Ripcord 5 ( 0.8 L/Ha)         (15 j)          * Orthène 50 (1.8 Kg/Ha) (30 j)
* Sherpa 10 ( 0.5 L/Ha) (15 j)        * Fastac (0.2 L/Ha) (20 j)
* Lannate 20 L ( 1.2-2 L/Ha) (15 j) * Talstar Flo (0.25 L/Ha) (25 j)
* Tracker 180 EC (0.20 L/Ha) (15 j)* Drifène AP (1.5 L/Ha) (20 j)

La réussite de cette intervention chimique dépend du respect des conditions suivantes :

+ l’application des insecticides précités selon les normes recommandées doit être faite minutieusement  pour anéantir ce ravageur et sauvegarder les cultures.

+ Toutes les doses d’insecticides conseillées doivent être diluées dans un volume d’eau variant de 600 à 1000 litres par ha selon le stade végétatif de la culture.

+ Comme il a été décrit précédemment, les traitements chimiques anti-prodenia doivent être réalisés de préférence l’après-midi vu que cet insecte se refuge sous les mottes pendant le jour, mais ne s’attaque aux cultures qu’au crépuscule. Ces traitements doivent être dirigés contre les jeunes chenilles de prodenia au début de l’infestation qui coïncide avec le mois de juin. Ils ne doivent pas être réalisés en présence de rosée ou de fortes chaleurs et ceci pour garantir l’efficacité des produits à employer et éviter des cas de phytotoxicité sur les cultures.

+ dans le cas des fourrages (Luzerne)  et pour éviter tout risque d’intoxication du bétail, il est recommandé de ne traiter qu’après fauchage de la luzerne.

V-1-2.) Utilisation d’isecticdes micro-granulés incorporés dans la couche superficielle du sol :

         Cette technique peut être utilisée contre les chenilles de prodenia plus ou moins âgées à partir du 3ème ou 4ème stade larvaire et contre les chenilles des noctuelles terricoles.
         En effet, dans les zones où l’infestation est importante, les chenilles des stades 3, 4 et 5 migrent d’une parcelle à l’autre pour chercher leur nourriture. De ce fait, elles sont obligées de parcourir le terrain pour y arriver à leur but. La technique de lutte ainsi proposée est basée sur l’utilisation d’insecticides micro-granulés plus toxiques et plus persistants qu’on peut utiliser en plein d’une manière superficielle. Ces produits qui agissent par contact, ingestion et inhalation peuvent entraîner une mortalité importante des chenilles de cette espèce.
        
Parmi les produits insecticides conseillés à cette fin  on peut citer :
·        Suscon 14G (28 Kg/Ha) (3 mois)
·        Dursban 5 G (20 Kg/ha) (3 mois)
·        Voltan (70 Kg/Ha) (3 mois)

V-1-3.)- Utilisation d’appâts empoisonnés :

         On peut utiliser également cette technique de lutte pour combattre les chenilles des stades 3 ou 4 ou 5 de Prodenia et des autres noctuelles terricoles, et ce en épandant les appâts empoisonnés aux insecticides soit à l’intérieur des parcelles cultivées soit à leurs alentours de manière localisée  pour combattre ce ravageur et empêcher ses invasions vers les parcelles indemnes.

         Parmi ces appâts, on peut citer :
·        Les appâts vendus prêt à l’utilisation :

+ Spendos EC 35 (30 à 50 Kg d’appâts/Ha) (15 jours de  
      rémanence)
+ Parapat  ( 20 Kg/Ha en localisé) (15 jours de  
      rémanence)
+ Chimappat     (50-60 Kg/Ha)  (15 jours de  
      rémanence)
+ Dursban appât  20 % (50 Kg/Ha)  (45 jours de  
      rémanence)

·        Les appâts à préparer :

On prend 100 à 150Kg/Ha de  son mouillé avec 15 à 60 litres d’eau auquel on ajoute l’un des insecticides (matières actives) suivants par Kg de son :

-      Acéphate (24 g)
-      Endosulfan  (2.1 g)
-      Endosulfan +Parathion éthyle (8 mL de spécialité)
-      Lindane (4 g)
-      Permethrine (2 ml de spécialité)
-      Toxaphène (6 g)

Les appâts recommandés doivent être épandus  de préférence le soir. A cet effet et vu la toxicité de ces  produits, il est conseillé d’assurer une surveillance  des parcelles traitées pour faire éloigner les volailles, les chats et les chiens qui peuvent s’alimenter par erreur sur ces appâts empoisonnés.

Dans le cas des fourrages, il y a lieu de procéder au fauchage de la luzerne avant l’emploi de ces produits.

V-2.) Lutte culturale :

Parallèlement  à la lutte chimique curative contre le prodenia, on peut appliquer d’autres moyens de lutte culturale pour combattre ce déprédateur :

Parmi ces moyens on peut citer :

·        La destruction des mauvaises herbes qui servent d’hôtes aux larves très jeunes de prodenia.

·        Le labour du sol en été pour tuer les larves et les nymphes en les exposant au soleil.

·        L’arrêt des irrigations des champs de betterave dès la fin de mai et leur raisonnement en été au niveau d’autres cultures pour éviter la création des conditions favorables au développement du Prodenia.

·        Le ramassage manuel des amas d’œufs pondus sur feuillage des adventices en mai et juin et leur incinération.

Aucun commentaire: